22 mars 2012

Bernard.F

H.Levitt

Qui sème le vent récolte le tempo



Bientôt 2 ans que tu me connais, je n'ai pas la prétention de te connaître, ceci est la cause de ma désolation.
2 ans ou chaque matinée est ponctuée par le salut a la concierge, l'endroit précis ou je peux me mettre a courir pour avoir mon tram, le p'tit mec qui me distribue le journal a la bouche du métro.
2 ans que je bats tes pavés, arpente tes sentiers, te parcours de long en large sans jamais parvenir a te saisir, tu es comme une poupée russe, a mes yeux tu te renouvelles a l'infini.

Si je devais utiliser qu'une seule métaphore pour qualifier notre relation, je prendrais celle de l'homme et de la putain. Ton nom est doux, court, simple, facile, une syllabe et c'est du miel, il pue la sympathie, il s’accroche facilement a toute les bouches, tout le monde l'emploie a tort et a travers et par tout les orifices.
Il n'y a qu'a voir ta première lettre, c'est la sensualité même. La seule dont la prononciation astreint la langue a toute un tas de minauderies pour finalement venir humecter faiblement le palais et s'échouer sur les incisives.

L'homme et la putain, mais c'est toi qui me cogne et c'est moi qui en fait les frais.
L'homme et la putain d'un bon vieux roman russe Dostoïevski,Sweig,ou alors un Zola, c'est Paquita Valdès, la Vellini, Gervaise, Nana et tant d'autres..
L'homme aisé qui aime la putain des rues qui ne l'aime pas, un grand classique.

Cessons de psalmodier sur l'ouverture de tes cuisses, attardons nous sur ta parure, tapageuse certes mais pleine de charme, dans tes filets même les brutes dans mon genre s'y sont laissés prendre.
Au premier abord, Un centre, une place.
La plus grande d’Europe, y trône Louis 14, le roi soleil, enfourchant son destrier. Rien que ça.

Des grandes rues, larges et longues et lancinantes, bien bondées.
Des riches, des pauvres, des très pauvres, des moyens riches, il paraît que nous appartenons au même genre, alors que nous distinguons une quinzaine de sous espèce de requins.
Tes atouts de vielle France, qui te donne «du cachet», tes petits bouchons par la, tes quenelles, ton saint Marcellin, ta cervelle de canuts, œuf meurettes, grattons, tablier de sapeur, charcuterie par ici. Maniement des tripes et des couteaux avec aisance.

« Charme », c'est le premier mot qui revient quand on me parle de toi, et « déception » le deuxième
Tu es double, la presqu'île, presque indépendante mais toujours liée. Bien qu'en réalité tu sois multiple.

10 mars 2012

La part de l'autre


"C’est étrange, l’amitié. Alors qu’en amour, on parle d’amour, entre vrais amis on ne parle pas d’amitié. L’amitié, on la fait sans la nommer ni la commenter. C’est fort et silencieux. C’est pudique. C’est viril. C’est le romantisme des hommes. Elle doit être beaucoup plus profonde et solide que l’amour pour qu’on ne la disperse pas sottement en mots, en déclarations, en poèmes, en lettres. Elle doit être beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu’elle ne se confond pas avec le plaisir et les démangeaisons de peau.

Chaque fois que je vous voyais plus vulnérables, je vous aimais davantage. C’est injuste, n’est-ce pas ? L’homme et la femme ne s’aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la séduction. Ils jouent un rôle. Pire, ils cherchent chacun le beau rôle. Théâtre. Comédie. Mensonge. Il n’y a pas de sécurité en amour car chacun pense qu’il doit dissimuler, qu’il ne peut être aimé tel qu’il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c’est un mensonge réussi et constamment renouvelé. Une amitié, c’est une vérité qui s’impose. L’amitié est nue, l’amour fardé."